Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Univers Alternatifs

Quelle place pour les langues ? (II)

21 Février 2021 , Rédigé par Fantomas Publié dans #Débat - SF

Ci-contre la première véritable frégate russe : le Shtandart (étendard), dont la légende raconte qu'elle aurait été dessinée par Pierre le Grand lui même

Ci-contre la première véritable frégate russe : le Shtandart (étendard), dont la légende raconte qu'elle aurait été dessinée par Pierre le Grand lui même

Bonjour,

 

Nous avons parlé la dernière fois des langues censées garder une certaine influence en cas de gouvernance mondiale. Mais, il y a d’autres langues dont l’avenir paraît plus incertain, souvent le fait d’une population déclinante, ou bien d’une influence assez fragile :

 

Le russe (raison de l'illustration) est dans une situation assez incertaine. La Russie est et restera un pays influent, il n’y a aucun doute là-dessus. Mais ce pays subit une véritable saignée démographique avec une population qui diminue malgré l’immigration. Et de plus, la plupart des pays qui étaient par la force des choses, russophones sous l’ère soviétique, ce sont empressés d’oublier et de décourager l’usage du russe. La majorité de ces pays sont d’ailleurs aujourd’hui hostiles à la Russie. On pensera par exemple à la Pologne ou à l’Ukraine (qui a réussi à créer une église orthodoxe autocéphale, indépendante de celle de Moscou). Cet exemple est un accroc de taille à l’influence russe, pourtant séculaire dans cette région, qui est le coeur historique de la russie (la première capitale de l’état russe, c’est Kiev). Malgré une influence sur les écrits scientifiques, et un poids politique non négligeable, le russe est menacé par une démographie alarmante et de nombreux pays clairement hostiles, prêts à beaucoup pour nuire à leur vieil ennemi.

 

Le Japonais est quant à lui dans une situation réellement alarmante. Si le Japon a entrepris de diffuser des mangas, des anime partout dans le monde, bien peu de gens sont capable de parler Japonais couramment. Tout au plus connaissent-ils quelques mots ou quelques phrases mais on est loin d’une utilisation quotidienne. De plus c’est une langue complexe qui utilise plusieurs « alphabets » (le terme n’est pas tout à fait adapté, je m’en excuse) : hiragana, katakana, mais aussi des idéogrammes d’origine chinoise... Enfin, la démographie de l’archipel nippon est catastrophique... Et le souvenir de la guerre du pacifique ne s’est pas encore estompée en Corée ou en Chine où le sentiment anti-japonais est vivace (et parfois utilisé par le gouvernement chinois), ce qui ne favorise pas une diffusion régionale de la langue.

 

L’Allemand a une diffusion très faible à l’international. A part quelques communautés germanophones dispersées, l’écrasante majorité des locuteurs se trouve en Allemagne et en Autriche. Or dans ces deux pays, on assiste à un vieillissement de la population. Certes pas aussi alarmant qu’au Japon mais néanmoins réel. Et les jeunes sont de plus en plus bilingues. Si l’allemand ne risque pas l’extinction, son influence risque de diminuer, déclin européen oblige

 

Le Turc est une langue sur laquelle il faut se pencher. La Turquie en elle même est une puissance régionale affirmée, bien qu’aux prises avec des difficultés économiques. Mais les pays d’Asie centrale possèdent eux aussi d’importantes population turcophones (les ouïgours du Xianjiang, persécutés par le parti communiste chinois sont turcophones par exemple). Et avec le projet de nouvelles routes de la soie, ces pays sortiront (au moins un peu) de l’isolement dans lequel ils étaient. Certes le Kazakhstan n’est pas, et a très peu de chances de devenir une puissance économique majeure, mais l’ensemble de ces pays, avec la Turquie, constitue une population non négligeable. D’autant plus qu’Ankara essaie de promouvoir la culture turque et l’héritage ottoman dont elle se veut l’héritière. Le turc pourrait donc devenir à terme une langue secondaire d’importance

 

Le Portugais est parlé au Portugal, au Brésil, en Angola et en Mozambique principalement. Il faut rajouter bien sûr les communautés lusophones à travers le monde et plusieurs îles (Madère, les Acores... ). Cela représente une population relativement importante à l’échelle mondiale. De plus le Brésil est une réelle puissance régionale et a un véritable potentiel industriel. Le Portugal, bien que moins puissant (sans vouloir vexer les portugais), reste également un pays développé. Au niveau culturel, sportif et touristique, le Brésil et le Portugal ont également une certaine capacité d’attraction. Je pense donc que l’influence du portugais devrait rester stable à court et moyen terme, à moins que le Brésil ne devienne bien plus puissant ou subisse quelque désastre ruinant son économie pour une longue période.

 

Sans vouloir me montrer vexant pour les habitants de pays dont je n’ai pas cité la langue, ceux ci ne me paraissent pas avoir une influence suffisante (un « soft power » suffisamment développé comme diraient les anglophones) pour être parlé au delà des anciennes frontières nationales. Prenons le suédois. Bien que la Suède soit un pays développé, la majorité de ses habitants parlent également anglais et le suédois n’est utilisé qu’entre les suédois. Bien que sa démographie reste stable, la Suède a peu de chance de devenir une puissance suffisamment influente pour imposer le suédois comme une langue mondiale. Elle n’en a d’ailleurs pas la volonté.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article