La biosphère d'une planète peut-elle empêcher sa colonisation ? (I)
Bonjour,
Une amie à moi m’a demandé récemment si la faune et la flore d’une planète pouvait vraiment obliger les humains à quitter une planète. Sur le coup, j’allais répondre qu’on avait qu’à transformer la jungle en désert vitrifié pour régler le problème... Mais c’était éluder la question, qui au final mérite d’être posée. Du coup, j’y ai réfléchi un peu plus sérieusement et voici le fruit de mes cogitations :
Tout d’abord, je tiens à préciser que l’aspect écologique de la chose sera négligeable. Si une planète est colonisée, c’est parce qu’elle contient des ressources intéressantes, pas pour son panorama dont les gouvernements ou les corporations industrielles _les seuls à pouvoirs financer une telle opération_ n’ont rien à faire. L’exploitation des ressources et/ou l’installation pérenne des colons est bien plus primordiale que la préservation d’un écosystème unique. Quant aux éventuels bénéfices générés par le tourisme, il restera marginal car exigeant un certain niveau de développement de la dite planète et plombé par le coût des voyages interplanétaires. C’est un luxe extrêmement coûteux accessible uniquement à une élite restreinte et pas forcément demandeuse. Je ne raisonnerai donc qu’en terme de ratio coûts engagés/bénéfices attendus et je présente mes excuses aux écologistes.
Pour répondre de manière complète à la question posée par cette amie, il faut introduire des questions complémentaires qui permettent de mieux cerner le problème :
- Quel est l’intérêt financier de cette planète ?
- Quel est le degré d’habitabilité ?
- Quand a été détecté la menace ?
- A quel point a-t-elle été correctement évaluée ?/ quel type de menace ?
- Quelles solutions ?
- Et si on doit vraiment partir ?
Tout d’abord, quel est l’intérêt financier de cette planète ?
Si la planète a été colonisée, c’est parce qu’elle avait un intérêt. Mais si on estime que le danger représenté par l’écosystème implique d’engager des coûts trop élevés pour les bénéfices attendus, il n’y a aucun intérêt à continuer la colonisation. Les colons seront évacués ainsi que le matériel de valeur, quant au reste il sera abandonné sur place car coûteux à rapatrier. Si on se place dans un scénario totalement cynique et dystopique, les colons peuvent même être abandonnés à leur sort, mais ça reste peu probable à mes yeux : Les premiers colons seront des spécialistes, difficiles à remplacer, et l’image de l’entreprise ou du gouvernement qui ferait un tel geste serait durablement ternie et elle aurait beaucoup de mal à trouver des volontaires pour coloniser de futures planètes. Donc il est raisonnable de penser que les colons seront évacués malgré les coûts élevés d’une opération de rapatriement.
Toutefois, la colonisation d’une planète est une entreprise longue et coûteuse donc je supposerai par la suite que les ressources ayant justifié la colonisation de la planète, justifient également l’investissement de moyens pour maintenir des colons malgré l’hostilité de l’écosystème.
Le degré d’habitabilité joue-t-il un rôle ?
Oui. Sur une planète aux conditions de vie infernale (désert de glace, jungle étouffante... les exemples donnés par la science fiction ne manquent pas. Pensez à Hoth dans Star Wars par exemple), où la vie humaine aurait le plus grand mal à perdurer sans de nombreux équipements de soutien, l’hostilité de la faune et de la flore n’aurait qu’un impact réduit, l’homme n’évoluant hors de sa zone d’implantation (laquelle est bien protégée) que rarement, et toujours avec des équipements destiné à assurer sa survie en milieu hostile. Les mentalités sont conscientes que l’environnement extérieur est une menace et donc l’apparition d’un danger supplémentaire ne constituera pas une surprise et n’impliquera « que » de mettre en place des systèmes défensifs adaptés.
Par contre sur une planète où la vie humaine peut s’épanouir sans équipements de protection ou presque, sur une planète très semblable à la Terre donc, les mentalités sont bien moins conscientes de la dangerosité potentielle de leur environnement. L’introduction d’une menace impliquera de mettre en place un système de défense pour protéger une zone de vie, laquelle n’a pas été conçue pour ça. Les habitats par exemple, peuvent être très éloignés les uns des autres ce qui compliquera la défense de la zone en entier. Il n’y a pas de systèmes de défense pré-existants et les gens n’ont pas de réflexes de protection. Un écosystème hostile est donc bien plus dangereux sur une planète aux conditions de vie proche de celles de la Terre.
Et pour la suite, rendez la semaine prochaine !