L'arme du lâche (I)

Bonjour,

Au cours d’une séance de jeu de rôle de SF, j’avais fait arriver le vaisseau des joueurs dans un champ de mines... Ils ont eu des sueurs froides, et on mis des heures à s’en sortir. Mais curieusement, aucun d’entre eux s’est demandé si c’était crédible...

D’abord, la mine, particulièrement la mine navale dont je m’étais inspiré, est une idée aussi ancienne que la poudre mais mis en œuvre relativement tardivement. En effet, il faudra attendre la révolution industrielle pour disposer de détonateurs et d’explosifs suffisamment stables et fiables. Arme méprisée car tuant de manière vicieuse, sous la ligne de flottaison, et sans distinction, la mine est déployée en centaines de milliers d’exemplaires lors du premier conflit mondial dans d’immenses barrages créé par les flottes franco-anglaises pour cadenasser la mer du nord et étouffer l’Allemagne du kaiser Guillaume II. La pose de ces immenses bancs exige bientôt des navires spécialisés... et le déminage lui, impose l’utilisation de navires conçus pour cette tâche sur de longues périodes avec un risque réel. Le grand barrage de la mer du Nord, pour reprendre cet exemple ne fut démantelé qu’au bout de cinq mois de travail acharné de la part de plus de 80 navires, qui connaissaient l’emplacement des champs de mines !

Si leur usage ne fut plus jamais aussi intense qu’au cours de la grande guerre, la mine reste un outil majeur de l’arsenal naval des grandes puissances... car la technologie a évolué et maintenant les mines peuvent être furtives, mobiles, détecter les coques de navires et exploser au passage de certaines catégories...

C’est ce dernier point qui m’amène au sujet d’aujourd’hui : Est-il pertinent d’envisager un champ de mines dans l’espace ?

Alors, quelque soit la pertinence d’un tel champ de mines, il est certain que la mine sera pourvue de senseurs capables de détecter les cibles potentielles (et d’identifier les vaisseaux amis), d’une certaine furtivité pour être détecté au dernier moment, quand on ne peut plus l’esquiver ; d’un propulseur pour se rapprocher de sa cible... et d’une charge nucléaire pour avoir suffisamment de « punch » et être capable d’occasionner d’important dommages à un vaisseau, même si celui ci est très gros.

Eh oui, on est loin d’une mine à orins flottant dans l’espace au bout d’une chaîne, comme l’illustration en tête de cet article (mais je trouvais ça très classe à faire). Une telle mine ne serait donc pas donnée... Mais resterait bien moins cher qu’un système de défense actif (qui serait de toute façon repérable et neutralisable de loin) ou qu’un autre vaisseau. En fait, on est plus proche du brûlot que de la mine vu qu’on adjoint une propulsion (la probabilité que le vaisseau adverse ait une trajectoire passant par l’emplacement de la mine est ridiculement faible). Sans identificateur ami/ennemi, (et même avec puisque les navires civils sont rarement équipés de dispositifs d’identification, le risque que l’ennemi en subtilise un étant trop grand) la mine est un danger pour la navigation et il est courant de signaler les bordures d’un champ de mines.

Pourquoi ? Eh bien parce que ça oblige l’ennemi à faire de coûteuses manœuvres pour éviter cet obstacle mortel, sachant que dans l’espace les changements de trajectoires sont très coûteux en carburant et limités (oubliez la ligne droite : dans un système solaire les vaisseaux se déplacent le long d’ellipses ayant le Soleil pour foyer. Sachant que la modification de l’inclinaison de l’orbite est une manœuvre difficile à réaliser et très gourmande en carburant). On peut d’ailleurs être tenté de signaler un champ de mines... là où il n’y a rien !

Incontournable et imparable donc, la mine spatiale ? Non, bien évidemment. Mes joueurs l'ont compris comme ils ont compris que ça restait dangereux : sur le tas. Mais ça, c'est pour la semaine prochaine !