Vous avez dit ... vaisseau spatiaux ? (IV)

Dans le dernier article, nous avons vu les différentes technologies de propulsion disponibles. Toutefois nous n'avons pas détaillé deux solutions technologiquement ambitieuses : 

- Le moteur à plasma. Rallier Mars en 39 jours. Telle était la promesse que j’avais pu voir étant adolescent concernant les vaisseaux ainsi équipés. L’idée est de chauffer un gaz ou un mélange de gaz (du deuterium et de l’hélium3 par exemple) pour en faire du plasma, lequel serait confiné par des champs magnétiques. L’éjection de ce plasma engendrerait une poussée importante, propulsant le vaisseau.

Oui mais... de nombreux obstacles séparent encore le moteur à plasma de la science fiction à la réalité opérationnelle, dont le principale est maintenir du plasma de fusion : c’est difficile, ça nécessite une énorme consommation énergétique et ça exige de volumineuses et lourdes installations (quasiment impossible à envoyer sur orbite via des fusées donc). Des progrès sont régulièrement réalisés mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. C’est une option envisageable à moyen ou long terme mais pas avant.

- Le moteur à anti-matière... grand, très grand fantasme qui n’est pas prêt d’acquérir une réalité tangible selon moi (mais libre à vous d’espérer. C’est ce que je fais moi aussi). Déjà parce qu’on ne sait pas produire suffisamment d’anti-matière et encore moins la conserver pour l’instant. Ensuite parce que le procédé permettant d’en produire est lui même très gourmand en énergie, et nécessite de très importantes installations.

Et enfin parce qu’on ne sait pas faire une réaction d’anti-matière contrôlée, générant une poussée ou une énergie utilisable. Chacun de ces points constitue un obstacle majeur (et loin d’être résolu) au développement d’un tel moteur où tout reste à inventer. Bref, s’il y a bien un moteur qui restera encore de la science fiction pour de nombreuses années c’est bien celui là.

Bon. On a des contraintes et on a un moteur... Mais à quoi va servir notre vaisseau spatial ?

- Le vaisseau de transport de fret : Le principal mobile de l’exploration spatiale sera l’exploitation du minerai. Du coup il faudra des engins pour extraire le minerai de la surface et des vaisseaux pour transporter ce minerai des astéroïdes/colonies/lunes vers les sites de raffinage et/ou vers la Terre. De tels engins pourraient être entièrement automatisés ou en tout cas ne comporteraient qu’un équipage très réduit.

La qualité principale recherchée serait la capacité d’emport : à ce titre pour optimiser la quantité de minerai embarquée et permettre une certaine standardisation les vaisseaux utiliseraient des conteneurs standardisés. Le vaisseau de transport en lui même serait donc assez « squelettique » avec une petite cabine de navigation et un éventuel quartier pour l’équipage, un ou deux réacteurs avec de gros réservoirs et de nombreux points d’accroches pour les conteneurs.

Ces vaisseaux feraient des navettes entre les astéroïdes et des stations spatiales mais n’accosteraient jamais du fait de leur taille : à l’arrivée, plusieurs navettes et engins spécialisés détacheraient et rempliraient les conteneurs, les réservoirs de carburant, amèneraient les hommes d’équipage... Dans le cas hypothétique où on disposerait d’une technologie permettant le voyage interstellaire, il me semble peu probable que ce type de vaisseau en soit doté : ces vaisseaux sont conçus pour faire des navettes assez courtes et le transport, forcément régulier, de minerai d’un système à l’autre serait très difficilement rentable par rapport au coût de la technologie de voyage interstellaire.

- Le vaisseau d’exploration : Successeur des sondes spatiales, le vaisseau d’exploration serait un vaisseau scientifique prévu pour l’exploration d’un système, de lunes, d’une ceinture d’astéroïdes... Si une technologie interstellaire est mise au point, ces vaisseaux en seront les premiers équipés. Vu qu’ils doivent aller dans des endroits TRES éloignés, leur principale qualité serait bien sûr l’autonomie. Ils auraient donc quelques réacteurs et de nombreux et imposants réservoirs de carburants, et réserves d’air, aliments, eau...

J’estime probable que ces vaisseaux soient habités car les missions attribuées à ces vaisseaux nécessiteront une grande expertise et il est bien plus simple de traiter les données depuis le vaisseau que de se fier à une difficile et peu fiable liaison de donnée du vaisseau à un destinataire (ce qui ne serait pas forcément possible d’ailleurs). Par ailleurs, ces missions auraient un fort caractère symbolique, où l’envoi d’un équipage prendrait des airs d’odyssée.

Mais explorer quoi ? Explorer une nouvelle planète pour déterminer si elle est habitable/exploitable/habitée... explorer une ceinture d’astéroïdes pour savoir si du minerai rare est présent et s’il est facilement exploitable... Mine de rien pour déterminer si une implantation est rentable, on ne peut se contenter d’un flot de donnée, il faudra une expertise humaine pour bien vérifier la rentabilité du site (car coloniser une planète ou exploiter une nouvelle ceinture d’astéroïdes impliquera de très lourds investissements et donc un gros risque financier).

Ce type de vaisseau serait pourtant « relativement petit » car les senseurs et les calculateurs ne prendraient pas tellement de place. Ce qui prendrait la majorité de la place, ce serait les réserves alimentaires, en oxygène et de carburant.

Est ce que c'est tout ? Non, pas tout à fait… suite et fin au prochain article !