Campagne de jeu de rôle (II)

Bonjour,

Après avoir bataillé pour obtenir joueurs, scénario, salle… arrive enfin la première séance tant attendue :

Je commence invariablement par présenter rapidement l’univers dans lequel les joueurs vont évoluer. Cela permet à la fois aux joueurs de se familiariser avec un environnement qui n’est pas toujours familier, et cela permet au MJ de se préparer mentalement pour la campagne qui suit.

Ensuite vient le moment tant attendu des joueurs : la création de personnages. Certains veulent devenir des gros bourrins inarrêtables, d’autres veulent acquérir un don ou une capacité spécifique (devenir un homme-oiseau pour voler, devenir un sorcier...). Certains ont une idée très précise de ce qu’ils veulent être tandis que d’autres choisissent une idée comme ça. Mine de rien, c’est pendant cette phase où je n’ai rien à faire (ou presque) que je suis le plus attentif : c’est une mine d’or pour découvrir la vraie personnalité du joueur, et sa vision du jeu de rôle.

Pour moi le jeu de rôle c’est une histoire où chaque joueur doit avoir l’occasion d’être utile et important. Et du coup, je réécris systématiquement certains passages du scénario, après la création des personnages pour que tout le monde se retrouve dans la campagne. Alors je n’ai pas le temps de réécrire le tout début de la campagne.. mais c’est quand les joueurs progressent dans la campagne que les connaissances et capacités de chacun s’avèrent indispensables.

La campagne décrite s’est basée sur l’univers de Fhangor, un jeu de rôle fantastique que j’ai créé. Je posterai sans doute l’historique de cet univers d’ici quelques temps mais pour éviter de perdre tout le monde j’utilise volontairement une formulation assez générale :

Mes joueurs se trouvaient dans une taverne quand un pseudo-ermite vint les voir pour leur proposer un service contre monnaie sonnante et trébuchante (enquêter sur la disparition d’un ambassadeur _lequel est un puissant magicien et un prêtre influent de sa religion_ dans un pays étranger hostile.

Il demande aux joueurs de le retrouver devant un temple au soir. « J’espère que vous n’avez pas peur du froid » a-t-il lancé avant de partir. Les joueurs (un humain pyromancien (sorcier du feu), un humain spécialiste des explosifs, un nautiloïde(homme-poisson), un Hradz (homme-oiseau) et un homme-lézard) ont donc décidé de faire des emplettes... Au passage, il ont pris plein d’équipement pour la montagne. Première surprise pour eux le soir tombé : ils vont embarquer dans un aérostat ! (qui existent en petit nombre dans cet univers)... les joueurs comprennent qu’ils se sont fait rouler (pourtant j’ai jamais parlé de montagne...) mais embarquent joyeusement à bord de l’aérostat lumière divine (qui appartient en l’occurence à l’église locale)...

Et c’est peu après que mon scénario (du moins sa première version) meurt rapidement : j’avais prévu que les joueurs travaillent avec la nation des hommes-oiseaux (la confédération Hradz)... Sauf qu’ayant dérivé dans son territoire à la suite d’une tempête, une patrouille arriva pour voir quel était cet aérostat qui violait les frontières de la confédération. Une bête patrouille de routine... (je jure que je n’avais pas d’autres intentions)...

Et c’est là que le sorcier pyromane lança rayons de feu sur onde de chaleur pour massacrer la patrouille sous les yeux ahuris des autres joueurs ! (et de moi!)... Evidemment, après la réussite critique vint l’échec critique et le sorcier se carbonisa le bras... Mais il restait des hommes-oiseaux en face, bien déterminés à massacrer ces joueurs peu civilisés, (et c’est ainsi que l’homme-oiseau du groupe devint un traître...).

Du coup réaction du groupe : il faut éliminer tous les témoins. S’ensuit donc une bataille aérienne où l’imagination des joueurs fut aussi haute que leur moralité fut basse.

Après cet « incident » de frontière, les joueurs arrivèrent à Novalesk, une escale dans leur voyage. Pour une raison anodine, alors qu’ils atterrissaient, ils se sont brouillés avec le prêtre responsable de l’aérodrome (l’église a le monopole des engins volants) et ils l’ont tué... Enfin, ils l’ont assomé puis balancé dans le ballon que le sorcier avait « accidentellement » incendié (je ne me souviens plus si c’était volontaire)... Afin de supprimer les quelques témoins, ils incendièrent plusieurs autres ballons et coururent crier à l’incendie. J’ai entendu des sommets d’hypocrisie : le sorcier (celui avec le bras carbonisé) cria, les (fausses) larmes aux yeux « j’ai tout tenté pour les sauver, voyez ! » en montrant son bras…